par Michel Worobel
Hôpitaux Auxiliaires : Joigny et Sens sont les deux villes du département où des hôpitaux auxiliaires tenus par deux associations différentes de la Croix Rouge, furent implantés. Jusqu’en 1940, la Croix Rouge fut constituée de trois sections selon les Comités (SSBM, UFF, ADF). Par les décrets de 1878 et 1889, les Sociétés de Croix Rouge sont devenues « des Auxiliaires du Service de Santé » et avaient pour mission de mettre sur pied et de faire fonctionner des hôpitaux dans toutes les localités qui leur seraient désignées et de concourir au service de l’arrière.
La presse a souvent relaté l’action de ces bénévoles, montrant leur mobilisation pour équiper ces hôpitaux auxiliaires. Ainsi, le Bourguignon du 14 août 1914 : Chamvres – Mme Mercier, de l’Union des Femmes de France a réuni 72 bandes de toile, 13 draps et 20 chemises. Neuilly – Mmes Leschien, Fauchereau, Gaudeau, Cochard, titulaires de l’Union des Femmes de France, ont, en une tournée de deux heures, réuni 196 draps qui ont été apportés à l’hôpital auxiliaire de Joigny…
La loi du 24 mars 1882 consacrant l’autonomie du Service de Santé et les décrets du 3 juillet 1884 et de 1889 précisèrent les missions des Sociétés de Croix rouge et leur subordination au service de santé. Ainsi, la mise sur pied, le fonctionnement des Hôpitaux Auxiliaires et des « Ambulances de gare » en particulier leur incombèrent.
A la suite de la réorganisation du Service de Santé en temps de guerre – en exécution de l’instruction du 5 mai 1889 et après le vote de la loi sur la séparation de l’Église et de l’État – la Direction du Service de Santé demanda aux collectivités locales de bien vouloir lui faire connaître les bâtiments dont elle pourrait disposer en cas de conflit, notamment ceux des congrégations religieuses qui étaient devenus biens nationaux mais qu’elles avaient conservés. Pour Joigny par exemple, les locaux suivants ont été mis à la disposition du Service de Santé (recensement de 1912) :
• la totalité de l’École Saint Jacques moins quatre pièces, le troisième jour de la mobilisation,
• L’Institut Supérieur de Jeunes Filles de la rue Montant au Palais dans sa totalité, le neuvième jour de la mobilisation, ainsi que le Collège de la rue Saint Jacques et l’École de Jeunes Filles de la rue Grenet.
Certains hôpitaux étaient prévus avant la guerre, d’autres furent crées plus tard. La fondation et la gestion appartenaient à l’une des trois sociétés de la Croix Rouge avec une numérotation spécifique à chaque association, l’A.D.F. ne gérant pas d’hôpital dans l’Yonne.
Ces établissements devaient être agrées par l’autorité militaire qui, après visite des lieux, accordait ou refusait la création de ces établissements. Furent en poste en mai 1916 : Chesneau, Grosjean, Hurault, Ratier médecins des hôpitaux Auxiliaires.
L’Hôpital Auxiliaire N°19 tenu par la Société de Secours aux Blessés Militaires est situé dans l’Institut pour Jeunes Filles, école de l’abbé Poulain, 45, rue Montant au Palais. Sa capacité est de 50 lits. Il est ouvert du 2/8/14 au 14/10/17. Une marque connue : dans un rectangle, sur 3 lignes :
5e Corps d’Armée HOPITAL MILITAIRE N°19 JOIGNY (Yonne)
L’Hôpital Auxiliaire N° 101 tenu par l’Union des Femmes de France était situé au collège municipal de garçons rue St Jacques. D’une capacité de 70 lits, il fut ouvert le 2/8/14. Il fut fermé avant l’hôpital auxiliaire n° 108, à une date incertaine : 12/7/16 ?
Cachet sur 6 lignes :
UNION DES FEMMES DE France ––––– HOPITAL AUXILIAIRE DU TERRITOIRE N° 101 18 JUIL 1916
L’Hôpital Auxiliaire N°108 tenu par l’Union des Femmes de France était situé à l’école primaire supérieure de filles rue Dominique Grenet (ancien château de Joigny). D’une capacité de 70 lits, il fut ouvert du 3/8/14 au 14/10/17. (Une marque connue référencée par M. Gallicet, sur 7 lignes).
Bon nombre des malades et des blessés arrivaient dans les hôpitaux de Joigny, par voie d’eau. Le convoi était composé d’un train de quatre péniches, l’Albert, L’Ile de France, Le Raboisson et La Sarre, tiré par un remorqueur (appelé encore toueur). L’ensemble comprenait 120 lits et les couchettes du personnel. Une partie de la 4e péniche était occupée par les cuisines, le réfectoire, la pharmacie et une salle d’opération. Chaque convoi comportait un Médecin major, son aide, un infirmier et six infirmières de l’UFF. Le personnel de manœuvre était constitué par les mariniers à qui appartenaient les péniches et qui vivaient à bord avec leurs familles .
Les hôpitaux auxiliaires étaient fermés à la fin de 1917 et les locaux furent rendus aux autorités universitaires. Le Colonel Bertiaux rappelle qu’à cette date 85996 journées d’hospitalisation, pour environ 4500 personnes, avaient été enregistrées. Les gestionnaires furent félicités pour un prix de journée peu élevé de 2,75 F : la plupart des denrées consommées, les vêtements de rechange, les draps et couvertures étaient offerts par les habitants des communes du Jovinien et de l’Aillantais.
1 commentaire
Gérard LEPLAT · 28 février 2021 à 16 h 07 min
Merci pour votre article. Vraiment très intéressant.
Gérard.